La présentation à la télévision est un exercice exigeant qui requiert la maîtrise de plusieurs critères. Sarah Cissé se distingue parmi les professionnels en maniant ces exigences avec virtuosité, forte de ses 14 années d’expérience dans le domaine de la presse. Son expérience témoigne de son savoir-faire et de sa passion pour l’information, faisant d’elle une figure incontournable dans le paysage médiatique.
Des moments privilégiés au cours de la journée où une famille se réunit devant le téléviseur, le journal de 20 heures occupe une position prépondérante. Entre ceux qui s’y trouvent simplement par habitude et ceux qui prêtent attention aux informations diffusées, c’est le rendez-vous quotidien de nombreuses familles. À cette heure au Sénégal, les regards se tournent majoritairement vers la Télévision Futurs Médias (TFM) et ses présentateurs phares, parmi lesquels figure Sarah Mensalih Cissé. Son visage rayonnant, associé à sa voix douce et captivante, a définitivement conquis les milliers de téléspectateurs du média dirigé du célèbre chanteur Youssou Ndour.
« Merci de votre fidélité, bonsoir à toutes et à tous, et bienvenue à cette édition principale. Les titres, c’est tout de suite », déclare-t-elle fréquemment au début de sa présentation. Présente à la TFM depuis 2014, Sarah Cissé s’est imposée comme une figure incontournable du paysage audiovisuel sénégalais. Pourtant, à l’aube de son parcours académique rien n’indiquait une carrière dans le journalisme. Après l’obtention de son baccalauréat en 2000, Sarah Cissé s’envole pour le pays de Marianne afin de poursuivre des études en médiation culturelle et en communication à Montpellier. Elle y obtient une maîtrise et enrichit son curriculum vitae en suivant une formation en marketing à l’ISM de Dakar. C’est d’ailleurs dans le rôle d’agent marketing qu’elle fait pour la première fois une immersion dans le monde professionnel, une expérience qui va changer le cours de sa trajectoire.
Du marketing au journalisme, il n’y a qu’un pas !
“Un jour, j’ai été mise en relation avec “Vieux Aidara”, propriétaire de la chaîne Canal Info News. Initialement recrutée pour le marketing, la configuration en open-space de Canal Info a facilité mon immersion dans le monde de la rédaction. Le directeur de l’information de l’époque m’a alors suggéré de me lancer dans le journalisme, et c’est ainsi que j’ai commencé à faire des reportages, apprendre à rédiger des brèves, jusqu’au fameux jour où l’on m’a proposé de débuter les tests en présentation”, raconte-t-elle. C’est le début de son aventure journalistique sous les feux des projecteurs. Mais comme tout début, la difficulté de l’exercice s’est fait ressentir par la journaliste formée sur le tas.
“La première fois que j’ai présenté le journal de 15 heures, j’étais impatiente que ce journal se termine. Parce que je n’ai pas cessé de faire des reprises, c’était en direct et la pression était insurmontable. À part le ‘bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce journal’, je ne me souviens pas très bien de ce que j’ai dit par la suite. Je sais que j’ai fait énormément de reprises. En sortant du studio, j’étais complètement en sueur”, se remémore-t-elle, accompagnée d’un sourire traînant les séquelles d’un souvenir gênant.
Peu fière de sa prestation et ayant pour unique envie de l’oublier, elle est encouragée à s’y replonger afin d’identifier ses failles pour les présentations futures. À la fin de son stage de 6 mois à Canal Info News, l’agent marketeur, devenue journaliste formée sur le tas, nourrit le désir de suivre une formation dans sa nouvelle passion par souci de légitimité. Elle retourne en France, cette fois-ci à Paris, pour une formation à la carte de 8 mois à l’institut pratique de journalisme exclusivement dédié à la télévision.
De reportrice à animatrice matinale : L’ascension de Sarah Cissé à la RTS1
Avec son nouveau « skill » en poche, Sarah Mensalih Cissé intègre la RTS1 en septembre 2008 en tant que journaliste reporter. Elle occupe ce poste jusqu’en 2010 avant de faire le grand saut pour présenter la célèbre émission matinale « Kenkeliba ». « C’était l’une des premières matinales du paysage audiovisuel sénégalais, un projet ambitieux. Le directeur de la télévision de l’époque, Ibrahima Souleymane Ndiaye, a pensé que j’avais le potentiel pour animer cette émission. J’étais bien encadrée par des professionnels tels que Aboubacry Ba, Oumy Ndour, Oumou Baldé, Ibrahima Diedhiou… C’était du beau monde », déclare-t-elle fièrement, tout en se réjouissant de constater que cette émission a su résister au temps.
Au sein de cette grande institution, la jeune Sarah poursuit son évolution en côtoyant au quotidien d’éminentes personnalités. À l’image de l’inauguration du Monument de la Renaissance le 3 avril 2010, où elle assure le direct en étant au plus près des chefs d’État africains invités ce jour-là. « C’était la première fois de ma vie que je voyais autant de chefs d’État, de Kadhafi à Sassou Nguesso, en passant par Yayi Boni… ils étaient tous là », se souvient-elle.
Le départ inéluctable : Entre quête de nouveaux challenges et défis financiers
Aussi belle qu’est l’aventure, elle prend fin pour de nombreuses raisons : « D’une part, j’ai pris la décision de quitter la RTS pour des raisons financières, étant donné que la progression salariale était nettement plus lente que dans le secteur privé. J’ai effectué près de deux ans de stage avec une rémunération modeste. Même lorsque j’ai été chargée de cette émission, mon salaire n’était pas considérable. Par la suite, j’ai animé la présentation de manière rotative ». L’autre argument qui a pesé en faveur d’un départ était l’offre de la nouvelle chaîne de télévision Africa 7 qui lui déroule le tapis rouge.
« J’ai ressenti le désir de grandir, d’explorer un horizon plus vaste. À la RTS, j’étais reporter-présentatrice pour une matinale, alors qu’à Africa 7, j’ai assumé le rôle de rédactrice en chef », relate-t-elle. Le média ne lésine pas sur les moyens pour tenter de se positionner dans la sphère audiovisuelle, misant notamment sur un recrutement de diverses nationalités en conformité avec sa cible. « Le projet, d’envergure panafricaine, impliquait des Sénégalais ainsi que des représentants de six ou sept autres nationalités africaines. Les contenus étaient diversifiés, offrant une perspective amusante pour découvrir différentes facettes de la culture africaine », évoque-t-elle. Malgré cette dynamique et l’envie de bien faire, le média va connaître d’énormes difficultés financières.
Chute d’Africa 7 et renaissance professionnelle
Des arriérés de salaire de plusieurs mois vont mettre l’entreprise dans une situation délicate et amorcer la fin d’une aventure. Pour la rédactrice en chef d’alors, cette « chute » serait en partie liée au modèle économique de l’organisation. Sarah Cissé y reste jusqu’au début de 2012 et prend son envol. Forte de plusieurs compétences, elle décide de lancer son agence de communication qu’elle nomme « Target ». Un profil tel que le sien ne peut pas rester longtemps sans qu’un média ne tente de l’enrôler.
A ce jeu, c’est la Télévision Futurs Médias (TFM) qui va -enfin- réussir à la convaincre et à l’intégrer au sein de sa rédaction en 2014. « Lors de mon passage à la RTS, la TFM m’avait déjà proposé de rejoindre le groupe, mais à l’époque, j’étais en pleine phase d’apprentissage et j’avais décliné. Lorsque l’opportunité s’est à nouveau présentée, j’ai accepté », révèle-t-elle. En tant que fan et proche, de par ses parents, du chanteur Youssou Ndour, Sarah réalise un rêve d’enfant. Au fil du temps, son visage devient familier à de nombreux téléspectateurs de la chaîne de télévision. Un abreuvement visuel qu’elle interrompt « brusquement » à trois reprises.
A TFM, entre éclipses et retrouvailles…
Les deux premières fois, en 2015 et 2017, étaient liées à des raisons de maternité. « Je prenais alors des congés de 8 à 9 mois pour savourer ces moments essentiels de ma vie. Cependant, étant très protectrice de ma vie privée, je n’aime pas en parler, ce qui peut être mal compris par les autres », explique-t-elle. Le scénario se répète en 2019, où elle rencontre des problèmes de santé avant de revenir en 2021. Ses nombreux allers-retours marquent profondément ses admirateurs, qui ne manquent pas de lui faire savoir leur soutien lorsque l’occasion se présente. Lors de son deuxième arrêt en 2017, un site internet annonce qu’elle s’est retirée pour des raisons de santé. Faisant ses emplettes dans un magasin, Sarah est interpellée par une dame visiblement rassurée de la voir en bonne santé.
« Dès qu’elle m’a vue, elle m’a dit : ‘C’est Sarah ?’. Je lui ai répondu oui et elle m’a prise dans ses bras. Elle a commencé à pleurer, versant de chaudes larmes tout en répétant plusieurs fois ‘Al hamdoulilahi’. J’étais stupéfaite, car elle avait quasiment l’âge de ma grand-mère », raconte la journaliste. La femme lui témoigne la joie et l’admiration qu’elle a pour elle en expliquant qu’elle priait chaque jour pour elle à l’aube, afin qu’elle recouvre la santé. « Elle est devenue une figure maternelle pour moi, nous avons gardé des liens, je connais ses enfants, ils me connaissent », avoue la présentatrice.
Sarah Cissé, une célébrité maîtrisée
Outre sa prestance, le charme de Sarah Cissé à l’écran réside également dans son style capillaire : les cheveux courts. Une coupe devenue son identité par le hasard des choses. « J’ai adopté ce style à la télévision parce qu’à la RTS, Kenkeliba était diffusé à 4 heures du matin du lundi au vendredi. Je me suis demandé ce que j’allais faire car je n’avais pas envie de passer ma vie dans les salons de coiffure. C’était difficile de tenir avec des cheveux longs ou des rajouts qu’il aurait fallu changer tout le temps. J’ai décidé de me couper les cheveux, bien ras. Il suffit d’une petite noisette de gel et le tour est joué. C’est devenu un style par nécessité, mais à l’époque, c’était par praticité. Finalement, c’est devenu mon style, car même quand j’essaie des extensions, les gens me disent de ne pas le faire », explique-t-elle.
La célébrité ne comporte pas toujours des aspects positifs. Elle est parfois contraignante et pousse les personnes qu’elle frappe à faire l’impasse sur certaines habitudes du quotidien. Un fait auquel n’échappe pas Sarah Cissé, qui estime ne pas trop le ressentir en raison de son style de vie : « Heureusement, je suis casanière par nature. Cependant, je pense que j’aurais beaucoup souffert si j’étais une personne qui aime sortir fréquemment et rencontrer des gens. Travailler dans ce métier fait que je vis dans une certaine intimité. En dehors du cadre amical ou familial, on sait que les regards sont constamment braqués sur nous, ce qui nous pousse à adopter une certaine ligne de conduite. Parfois, je me prive de sorties simplement pour permettre à mes amies, qui n’ont rien demandé et veulent parfois se détendre sans soucis, de le faire sans attirer l’attention ». Loin d’être friande des réseaux sociaux, Sarah limite au maximum son exposition sur la toile et indique n’utiliser ses plateformes qu’à des fins professionnelles.
Sarah sur le secteur de la presse : « Ce que je constate actuellement me fend le cœur »
Née d’un père libano-sénégalais et d’une mère sénégalaise, la présentatrice vedette de la TFM incarne un véritable melting-pot culturel. « Ma grand-mère paternelle est libanaise à 100%. Mon père est métis libano-saloum saloum, ma mère est Toucouleur-lébou du côté de son père et sérère du côté de sa mère. J’ai eu la chance, du côté de mon père, d’avoir des membres de la famille pratiquant à la fois le christianisme et l’islam. Cela fait que j’ai été initiée à la fois au Coran et à la Bible. Contrairement à mon père, qui s’est converti à l’islam jusqu’à sa mort, ma grand-mère est restée chrétienne. C’est d’ailleurs pour cette raison que ma sœur et moi étions inscrites dans des écoles chrétiennes (Notre Dame) à l’époque, car c’était ma grand-mère qui s’occupait de nous. Je rends grâce à Dieu, car c’est également la force du métissage et du dialogue islamo-chrétien », confie-t-elle.
S’il y a bien un secteur en pleine expansion au Sénégal, c’est celui de la presse. Cette croissance répond également à une demande croissante de la part de jeunes souhaitant se lancer dans ce métier. Sur ce point, Sarah Cissé encourage tous ceux et celles qui veulent marcher sur ses pas à une condition : « Il y a de la place pour tout le monde, à condition de se former. Ce que je constate actuellement me fend le cœur. Il y a une urgence à instaurer de l’ordre dans le secteur de la presse. Je suis constamment choquée en parcourant les réseaux sociaux et en constatant que des individus non formés ont investi notre métier. Ils pensent que pour faire de la télévision, il suffit d’avoir des caméras et du son, sans même connaître les rudiments du métier. Ils posent des questions que je trouve inappropriées ». Face à la dégradation constatée dans ce métier, Sarah Cissé milite pour une meilleure régulation du secteur.
Kristin
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