De Gaout, où il repose pour l’éternité, à Rufisque, où il a passé une partie de son enfance et où se sont tenues ses funérailles, SeneWeb retrace le parcours d’Ibrahima Samb, le taximan tué par balle jeudi dernier à Dakar. Avec au bout, les bouleversants témoignages de sa mère, sa sœur et deux de ses oncles.
Mont-Rolland fait de l’usurpation. Malgré elle. Cette commune rurale située dans le département de Tivaouane, région de Thiès, est sur toutes les lèvres ces derniers jours. Elle est présentée comme le terroir d’origine d’Ibrahima Samb, le taximan tué d’une balle dans la tête jeudi dernier ; le lieu où le défunt aurait été inhumé.
C’est une méprise, en effet. La dernière demeure de la victime présumée d’Ousseynou Diop se situe plutôt dans la commune sœur de Notto Gouy Diama, toujours dans le département de Tivaouane. À Gaout.
« Taximan tué par balle.. »
Nous avons retrouvé le village sans peine. En plus de notre précieux Gps, qui nous demandait tantôt de tourner à gauche, tantôt à droite, l’évocation du « taximan tué par balle à Dakar », nous aura permis d’arriver aisément à bon port. De surmonter assez facilement le déficit de panneaux indicateurs le long du trajet.
Arrivé à Mont-Rolland avec ses habitations inégalement réparties dans l’espace, il faut suivre l’impeccable bitume jusqu’au village de Darou Alpha. Puis, prendre à droite et longer une piste latéritique bordée de manguiers. Après ceux de Daga et de Khaye Daga, trône majestueusement le village de Keur Samba Yacine, qui doit son nom à son fondateur, Massamba Sall.
« Massamba était un chef de canton du Sénégal colonial, très redouté, pire que les colons. Il a beaucoup fatigué nos vieux à l’époque, rapporte un habitant de la localité sous le couvert de l’anonymat. Il faisait à sa guise des prélèvements sur les récoltes et le bétail des paysans et éleveurs. » C’est une vieille histoire. Une époque révolue.
À hauteur de l’énorme entrepôt de Keur Samba Yacine, où l’on garde encore aujourd’hui les engrais et les semis à l’approche de l’hivernage, il faut éviter de faire fausse route. Au lieu de suivre la piste, qui va vers Tivaouane, le visiteur doit plutôt tourner à droite. Emprunter le chemin étroit, sablonneux et accidenté qui aboutit à Gaout. Le village d’origine du père d’Ibrahima Samb, là où il repose depuis le 28 octobre 2016. À l’âge de 34 ans.
Un village désert
Gaout est silencieux et désert en ce samedi après-midi ensoleillé. Quelques notables de la localité s’abritent sous l’énorme acacia de la Place du village. Dans un coin de la cour au sable fin de la mosquée en construction, le muezzin, couché seul sur une natte fatiguée, s’offre une pause avant de faire l’appel à prière, pour la troisième fois de la journée. Des enfants et des femmes plus ou moins âgées tentent eux aussi de maintenir à son rythme habituel le pouls de ce village de 300 âmes posé au milieu des champs d’oseille, de haricots, de maïs et de pastèques.
C’est que la majeure partie des habitants de Gaout est à Dakar. « Il ne reste pas grand monde ici, presque tout le village est en ce moment à Rufisque pour assister aux funérailles d’Ibrahima Samb », renseigne Ibrahima Dione, un quinqua qui est cultivateur ou maçon selon que la saison est sèche ou pluvieuse.
À l’intérieur d’une maison en dur aux murs décatis, trois jeunes dames balaient la cour. Des femmes beaucoup plus âgées suivent le spectacle aux allures d’une chorégraphie bien travaillée. Assises en demi-cercle et présentant des mines éprouvées, elles devisent à voix basse. Non loin, près d’une dizaine de jeunes hommes semblent gênés par notre présence. À notre arrivée, ils baissent la voix et certains se lèvent pour disparaître à l’intérieur de l’un des deux bâtiments de la vaste concession.
« Nous sommes dans la maison de la grand-mère d’Ibrahima Samb. Chaque fois qu’il revenait au village en vacances, c’est ici qu’il logeait, chuchote Ibrahima Dione. La famille est à nouveau frappée par le deuil. On vient d’apprendre qu’une des tantes d’Ibrahima, qui était malade, est décédée à Dakar. On attend le corps. »
Ici, repose Ibrahima Samb
Le même rituel que celui qui a précédé l’enterrement d’Ibrahima Samb, la veille, sera répété : toilette mortuaire dans un enclos coincé à l’arrière-cour de la demeure et où sont encore visibles les pièces en bois qui supportaient le cercueil du taximan tué par balle. Prière mortuaire à la mosquée. Et inhumation au cimetière du village.
Celui-ci fait à peine 1000 mètres carrés. Il offre un microclimat qui doit sa douceur aux énormes arbres qui le surplombent et l’entourent. Une cinquantaine de tombes jonchent le sol. Beaucoup, sans sépulture de pierres ni épitaphe, risquent de s’enfoncer dans l’oubli et l’anonymat. Celle d’Ibrahima Samb est dans le lot. « Il aura son tableau et sa place sera construite bientôt. On l’a enterré hier soir (vendredi 28 octobre), on n’a pas eu le temps de faire tout cela », s’empresse de placer Ibrahima Dione.
La tombe du taximan est la première de la douzaine de la première rangée, en partant de la gauche à l’entrée du cimetière. Celle de son père, Modou Samb, n’est pas loin. Celle d’un autre Ibrahima, Faye, ferme le rang. « C’est un ancien combattant », informe Dione, l’air fier. Ibrahima Faye a vécu 102 ans, de 1885 à 1987.
Ibrahima Samb n’aura pas vécu aussi longtemps. Le vieux Mor Mbengue s’en arrache les quelques cheveux blancs qui recouvrent sa tête. Confortablement assis sur une chaise sous l’acacia géant de la Place du village, le notable se redresse brusquement à l’évocation du meurtre de celui qu’il considérait comme son « fils », « un garçon sans histoire, pieux, qui respectait tout le monde ». « Tuer quelqu’un pour si peu… Nous nous en remettons à Dieu, mais demandons que justice soit rendue », abrège-t-il. L’assistance opine de la tête. En silence.
Les 50 mille francs de la dot…
Des dizaines de kilomètres plus loin, au quartier Gouye Mouride de Rufisque, l’ambiance est plus animée, mais la douleur est aussi palpable. Nous arrivons dans la maison mortuaire aux environs de 19 heures 30 minutes. Amis, collègues et inconnus continuent d’affluer pour présenter leurs condoléances aux parents du défunt. Le café Touba est servi à volonté. Assise sur une natte posée à même le sol, la mère d’Ibrahima Samb, Thiané Faye, noie sa douleur dans de discrets échanges avec ses parentes et amies postées autour d’elle.
Elle livre un témoignage bouleversant sur le seul garçon de ses trois enfants (voir la vidéo). « Il (le meurtrier) m’a pris mon fils, il doit payer. Je ne négocie rien du tout, celui qui a tué Ibrahima doit payer », martèle-t-elle. Un refrain repris par une tante de la victime, Marième Faye, deux de ses oncles, Ousseynou Guèye et Mbaye Guèye, ainsi que sa sœur cadette, Aïssatou Samb (voir aussi la vidéo). Cette dernière a parlé au téléphone à son frère quelques minutes avant sa mort.
Ibrahima Samb devait se marier le 12 novembre prochain. « Sa fiancée est inconsolable. Elle est dévastée par la déception et la douleur de perdre un être cher », confie Mbaye Guèye, qui était chargé par son neveu de remettre à sa désormais ex-future belle famille le « premier cadeau de la mariée ». Il s’est acquitté de cette mission « avec fierté ». Il devait aussi garder 50 mille francs pour la dot. « Malheureusement cette somme a servi à compléter l’argent du bœuf acheté pour les funérailles. On l’a dépensé ce matin », confie Mbaye Guèye, la voix étreinte par l’émotion, les yeux imbibés de larmes.
Michelle
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