Ces quatre dernières semaines, les spécialistes ont noté une nette digression dans l’évolution de la pandémie du coronavirus dans le pays. Selon Docteur Bousso, en moyenne on enregistre que 20 personnes contaminées sur 100 mille habitants au niveau national. Ce qui veut dire des résultats positifs commencent à s’annoncer. Mais…
Six mois de combat contre le féroce virus du coronavirus au Sénégal. A ce stade, le personnel de la santé en est à une autre étape d’évaluation des travaux effectués et de l’évolution de la pandémie qui a déjà atteint les 14 régions du pays. Pr Abdoulaye Bousso, chargé d’analyser la situation, rappelle que «la stratégie du Sénégal adoptée par le Sénégal a été dynamique. Elle est dictée par le contexte local et par toutes les avancées scientifiques. » Il détaille : « dès le début de l’épidémie, le Président de la République avait pris des mesures fortes allant à l’interdiction des rassemblements, de la fermeture des écoles, des mesures de restrictions, l’interdiction du transport entre les régions. Au ministère de la santé, il y a la détection de toutes les personnes et des cas. Qu’ils soient asymptomatiques ou symptomatiques. En tout cas, elle a évolué sur les personnes symptomatiques mais aussi sur les sujets à risques et les personnes ayant une comorbidité. Aujourd’hui, il y a un nouveau groupe à prendre à compte. Ce sont les voyageurs avec la réouverture des frontières internationales. »
Sur le plan diagnostic, poursuit Professeur Bousso : «il faut dire qu’au début il n’y avait que l’institut Pasteur qui pouvait faire des tests et diagnostiquer. Mais aujourd’hui, nous avons cinq laboratoires qui interviennent dans ce sens et font des diagnostics. Il y a l’Iressef, l’institut pasteur, le laboratoire virologique de l’Hôpital Le Dantec, l’hôpital militaire de Ouakam et le laboratoire national de santé publique qui est à Thiès. Si on fait le cumul des tests, nous en sommes à 150 mille tests réalisés.»
Décentralisation des tests dans les régions
Autre facteur remarquable aidant dans le traitement des patients, c’est la décentralisation des tests dans les régions. Au Sénégal, dix régions sont capables aujourd’hui de faire des tests et de donner les résultats en 2 heures de temps. Il s’agit de la région de Dakar de Kédougou, de Kolda, de Ziguinchor, de Kaolack, de Tamba, de Saint-louis et Thiès de Diourbel et de Matam. « C’est quelque chose d’extrêmement important car dans chaque région, au moins une structure de santé étant en mesure de prendre en charge des malades. Nous sommes passés à 35 sites de prises en charge, hormis le centre de traitement de Fann dirigé par le professeur Seydi. Nous sommes partis de la prise en charge de tous les patients symptomatiques et asymptomatiques positifs dans nos structures de santé, ça a évolué en un moment donné quand nos capacités commençaient à être atteintes, avec l’utilisation des sites hôteliers. Nous avons passé à un autre stade avec la prise en charge à domicile. Ce qu’il faut remarquer est que nous avons plus de patients à domicile que dans nos structures de santé.»
Tout n’est pas au point
Le spécialiste embraie cependant et note que «tout n’est pas au point. Il y a encore des difficultés, même si des efforts sont en train d’être faits. L’actuel Directeur du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS) du Ministère de la Santé et de l’Action sociale d’évoquer ensuite les données épidémiologiques. Sur ce, argue Docteur « nous avons enregistré environ 14000 cas. L’ensemble des 14 régions sont toutes touchées maintenant. Mais les 79 districts, il y en a qui n’ont présentement pas de cas alors ils sont inactifs. Il s’agit du district de Kounghuel, Macca Coulibantang, Goudiry, Ranérou, Linguère, Mbirkilane Gossass Diakhao, Niakhar, Darou Mousty, Koky, Kébémer et Thilogne. 9 districts n’ont jamais enregistré de cas. C’est : Goudompe, Salémata, Médina Yoro Foula, Dianké Makha, Kidira, Bakel, Koupentoum, Dahra et keur Momar Sarr. Cela nous impose à avoir plus de vigilance dans ces sites.»
Sur un autre aspect, Bousso diagnostique le nombre cas. Et en guise d’analyse, Il constatera que: « le mois de juin juillet et Août ont été particulièrement les mois les plus difficiles pour le personnel de la santé. Parce que nous avons franchi la barre des 3000 cas chaque mois. En juin, nous avons 3186, en juillet on a enregistré 3359 et au mois d’Août nous en avons noté 3371. En termes d’évolution, chaque mois nous avons eu de nouveaux cas. L’évolution du nombre de cas positifs au coronavirus accentue également le nombre de décès. Nous avions dit qu’il le nombre de cas augmente, il y a de fortes chances que le nombre de décès évolue aussi. Ce qui fait le mois on a déclarés 74 morts, le mois de juillet 93 décès et au mois d’Août 75 personnes ont perdu la vie de cette maladie. Les plus de 60 ans représentent les 73% des cas.»
Baisse du nombre de cas dans les quatre semaines
Mais, constate-t-il, «si nous faisons une analyse poussée, on peut dire le nombre de cas enregistres a baissé les quatre dernières semaines. Nous avons analysé cette diminution de cas en fonction du taux de reproduction du virus. C’est ce qu’on appelle le Ro. C’est-à-dire combien de personnes, un cas positif peut contaminer. Entre le mois d’avril, mai et juin nous avons constaté qu’une personne pouvait faire quatre autres victimes. C’est en cette période que des mesures fortes ont été prises, comme la limitation des mouvements de rassemblements, la fermeture des écoles. Cela a eu un impact objectif sur la diminution des cas. Ce qui a permis de maîtriser l’évolution des cas positifs. Depuis le mois de juin, ce taux de reproduction du virus a baissé. Ce qui fait que nous en sommes en moyenne à 1,7. C’est-à-dire un cas positif ne peut contaminer que deux autres personnes. » Il reconnait : « C’est encourageant. Sur les quatre dernières semaines, on note que les chiffres ont diminué. Exemple sur la semaine 34, nous étions à 776 cas et sur la semaine 35 nous en sommes 598 cas. Donc il y a une dégression positives des cas. Cela est objectivé à ce qu’on appelle le taux d’attaque, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées sur 10 000 habitants. Comme moyenne nationale nous avons 20 personnes contaminés sur 100 mille habitants. En un moment donné de l’épidémie, nous avions 81 personnes sur 10 000 habitants. Ce qui veut dire vis-à-vis de toutes les mesures prises et le travail abattu, des résultats positifs commencent à s’annoncer.
La situation est rassurante mais impose plus que jamais la vigilance. Le spécialiste Bousso avertit « il ne faut surtout pas qu’on fasse du triomphalisme. Parce que la période dans laquelle nous sommes est extrêmement sensible. Il faudra qu’on arrive à garder cette dynamique. » Voilà pourquoi il exhorte : « c’est maintenant plus que jamais que les mesures barrières soient plus respectées ».
Ameth Seck
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