Accident de Koumpentoum : des rescapés racontent l'horreur

La visite effectuée au Centre hospitalier régional de Tambacounda a permis de constater que le nombre de blessés internés au lendemain de la folie meurtrière de Koumpentoum, a considérablement baissé. Si certains sont évacués vers des structures plus spécialisés, d’autres ont été libérés, après les premiers soins. Seuls 5 blessés dont 3 Bissau-guinéens y sont présentement internés. Retour sur le film de l’horreur dans L'Observateur ce jeudi.

Mafatim Kâ, marchand ambulant : « Je ne saurais dire comment je me suis retrouvé sain et sauf »

«Je m’appelle Mafatim Kâ, j’ai 22 ans et suis un marchand ambulant originaire de Touba d’où je suis parti pour rallier Tamba. C’est vers 00 heure que l’accident est survenu, à l’entrée de Koumpentoum. Le chauffeur titulaire avait pris le relais, à notre arrivée à Koungheul. En provenance du Mali, un camion frigorifique est sorti d’on ne sait où, a trouvé le bus sur son chemin et l’a percuté. Il y a eu une explosion et notre bus a flambé. Des passagers assis à l’arrière ont été surpris par les flammes et n’ont pu sortir. Le bus était plein à craquer. 74 personnes ont pris le ticket, à son départ, sans compter ceux qui sont montés en cours de route. Je ne saurais dire comment je me suis retrouvé sain et sauf. J’ai mal au niveau des côtes et je souffre d’un déboitement du genou droit. Mes parents ont déboursé 40 000 FCfa pour mes soins médicaux.»

Aliou Bâ : « Le bruit de la collision m’a réveillé »

«Je m’appelle Aliou Bâ, j’ai 21 ans. J’ai quitté Touba pour aller au marché hebdomadaire de Diaobé. Aussitôt après le départ, je me suis endormi, assis à l’arrière du bus. C’est le bruit de la collision qui m’a réveillé. J’étais avec cinq amis, des Bissau-guinéens, qui ont tous survécu. A mon réveil, j’avais du mal à marcher, ma jambe s’était cassée et j’ai été évacué à Tambacounda. C’est à l’instant où j’ai été sorti du bus que le feu s’est déclaré. Je fais partie des premiers évacués au Centre hospitalier régional.»

Moro Faty, 19 ans, Bissau-guinéen : « Je me suis débattu, malgré mes douleurs, pour passer par la fenêtre »

«Je m’appelle Moro Faty, j’ai 19 ans et suis originaire de la Guinée-Bissau. J’ai quitté Bambey Sérère pour venir prendre à Touba, un véhicule en partance pour Diaobé. Le bus a quitté vers 19 heures. A l’entrée de Koumpentoum, roulant à vive allure, un camion frigorifique a laissé sa voie, après un dédoublement et nous a percutés. Sous la violence du choc, les deux véhicules ont aussitôt pris feu. Ressentant de vives douleurs, je me suis débattu et j’ai réussi à passer par la fenêtre pour me retrouver dehors. Là, j’ai vu plusieurs passagers appelant à tue-tête au secours, ne pouvant sortir, du fait de la surcharge et des chaises cassées. Restés coincés à l’intérieur, certains ont été complètement calcinés et réduits en cendres. A cet instant, c’était chacun pour soi, Dieu pour tous. Je n’ai jamais vu rien de tel. On parle de 13 morts, mais je pense qu’il s’agit de plus d’une vingtaine, nombreux sont ceux qui ont complètement cramé.»

Abdoulaye Diop, commerçant : « J’ai vu une dame regarder son fils mourir dans les flammes »

«Je m’appelle Abdoulaye Diop, commerçant originaire de Touba. Comme à chaque veille du marché hebdomadaire de Diaobé, j’y vais acheter des marchandises et autres produits. Cette fois-ci, Dieu en a décidé autrement. L’accident est survenu vers 00 heure, à l’entrée de Koumpentoum. Le choc a été d’une telle violence que tous les véhicules ont pris feu. J’ai eu la chance de m’en sortir indemne. D’ailleurs, je m’apprête à retourner sur Touba, après avoir reçu des soins. Je n’ai eu que quelques égratignures. Je remercie le Tout-puissant qui m’a sauvé et également les médecins de l’hôpital régional qui n’ont ménagé aucun effort pour les blessés. Je n’ai jamais pareil accident dans ma vie. C’est arrivé tellement vite qu’on ne saurait le raconter avec exactitude. J’étais assis à côté des deux apprentis avec qui je discutais durant le trajet. Ils sont décédés. J’ai vu une dame dehors, criant à mourir, son fils était prisonnier des flammes et personne ne pouvait s’approcher du bus, complètement enchevêtré. Ce qui a compliqué les sorties. Ceux qui se sont sauvés sont passés par les fenêtres. C’est mon cas. Puisse le Bon Dieu permettre à tous les blessés de retrouver les leurs et accueillir tous les défunts au paradis. Toutefois, il faut que les autorités prennent les devants par rapport au bus qui ne respectent pas les normes de chargement. Surtout ceux en partance pour Diaobé.»