A l’université de Dijon, une jeune étudiante de 21 ans a tenté de mettre fin à ses jours après avoir reçu un avis d’expulsion de sa résidence. En deux ans, dépassée par les démarches, elle a accumulé 8.500 euros de loyers impayés. Il existe pourtant des solutions pour éviter de telles impasses.
Une jeune étudiante dijonnaise a tenté de se suicider après avoir reçu l’avis d’expulsion de son logement social, rapporte le site francebleu, visité par Senego.
Depuis octobre 2020, elle est logée dans une des résidences universitaires, mais n’a réglé aucun de ses loyers. Elle totalise 8.563 euros d’impayés auprès du Crous, l’organisme qui loge les étudiants boursiers. Ses camarades ont ouvert une cagnotte pour l’aider à payer son loyer.
Arrivée du Sénégal en pleine crise Covid, Adama, 21 ans s’est retrouvée isolée et dépassée par les démarches à effectuer. A ce moment-là, il n’y a pas de cours dans les amphis, et les étudiants se retrouvent confinés dans leurs chambres. Dans sa résidence, Adama ne sait pas à qui se confier. Le Crous détecte bien que le loyer de 176 euros par mois n’est pas payé et demande à une assistante sociale d’intervenir. « Il y a eu quatre rendez vous avec deux assistantes sociales différentes », précise Jean-Marc Quemeneur, le directeur adjoint du Crous de Bourgogne-Franche-Comté, « mais aucune des procédures n’a donné de résultats. »
Des impayés et un loyer qui augmente
Adama perd pied et ne donne pas suite aux rendez-vous. « Elle n’a jamais osé demander de l’aide », assure un de ses soutiens qui l’assiste aujourd’hui. « Même son voisin de chambre qui la croisait tous les jours ne connaissait pas ses difficultés. » « Ce que l’on ne comprend pas » poursuit cette personne, « c’est que le Crous a augmenté son loyer alors qu’elle était en difficulté. » Le bailleur universitaire a bien augmenté ses tarifs car au bout de l’année écoulée, Adama n’a pas renouvelé son dossier et transmis sa nouvelle carte d’étudiante. Le Crous a donc été contraint d’appliquer un autre barème: « 22 euros par nuit, c’est ce qui s’applique aux personnes qui ne sont pas étudiantes » précise Jean-Marc Quemeneur.
Sans aucune nouvelle d’Adama, le Crous a transmis le dossier à la justice et le juge des référés a ordonné l’expulsion le 2 août dernier. Le bailleur fait valoir qu’il a besoin du logement car il y a deux fois plus de demandes que de chambres disponibles. La jeune femme ne s’est pas présenté au tribunal pour expliquer sa situation et ne s’est pas fait représenter. « Dépassée par les évènements, elle n’allait plus chercher les courriers recommandés » explique son soutien. « C’est un huissier qui est venu à la mi-août tambouriner à sa porte pour lui remettre l’avis d’expulsion. »
Cette procédure est rarissime souligne le Crous. Sur les 7.000 étudiants logés en Bourgogne-Franche-Comté, moins d’une cinquantaine ont des difficultés de paiement.
Des solutions existent
Cette histoire attriste Juline Delarue, la présidente de la Fédération des étudiants de Bourgogne Franche-Comté (Fébia). « La Fac de Bourgogne possède une commission de solidarité où nous siégeons. On peut trouver des solutions pour des étudiants qui se retrouvent incapables de payer leur loyers. Cela peut aller jusqu’au paiement d’une chambre d’hôtel quelques jours, le temps de se retourner. En tout cas , on ne laisse personne à la rue. L’année dernière cette commission est venue en aide à 80 étudiants. On peut trouver aussi des jobs étudiants, mais il y a deux fois plus de demandes d’aides que de dossiers examinés »
Repérer les étudiants en détresse
Par sa pudeur et sa discrétion, Adama est malheureusement « passée sous les radars », mais la Febia essaie tout au long de l’année de repérer les étudiants en détresse. « Nous avons une épicerie solidaire, et on essaie toujours de discuter et d’établir un lien de confiance avec celles et ceux qui viennent chercher une aide alimentaire » assure Juline Delarue. « Dans ce dossier, on ne blâme pas le Crous. Ils ont tenté de mettre en place une aide, et face à l’absence de réponses, ils ont suivi les procédures qui leur sont imposés. On a conscience qu’ils font aussi avec des moyens limités. On sait que les assistantes sociales sont débordées. »
Adama est aujourd’hui sortie de l’hôpital où elle a été admise. Elle est prise en charge par des personnes qui lui viennent en aide et veut tenter de poursuivre ses études en France. « Elle m’a promis les yeux dans les yeux qu’elle ne recommencerait pas de mettre fin à ses jours et ne resterait plus isolée. C’est une jeune femme qui a des qualités et qui peut trouver un avenir dans le domaine de la petite enfance ou de la préparation en pharmacie » assure son soutien. « On cherche un patron qui accepterait de la prendre en alternance pour lui permettre de subvenir elle-même a ses besoins. »
Rebecca
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