Situation en Gambie : une importante décision des Etats-Unis

Suite au revirement du Président Gambien sortant Yahya Jammeh intervenu vendredi soir, consistant à ne plus reconnaître sa défaite de la présidentielle du 1^er décembre, et face à la crainte d’une instabilité en Gambie, les Etats-Unis ont décidé de prendre les choses en main. Washington va doubler les efforts diplomatiques par une série de mesures visant à geler les avoirs de Jammeh (sur la photo lors d’une visite à la Maison Blanche en compagnie de son épouse) et sa famille aux Etats-Unis

Selon des informations exclusives parvenues à La Tribune Afrique, une réunion de crise se serait déroulée à Washington dès vendredi après midi, autour de la sous-secrétaire d'Etat en charge de l'Afrique, Linda Thomas-Greenfield et en présence de plusieurs responsables du renseignement américain, afin d'évaluer les options qui s'offrent à l'Amérique.
Thomas-Greenfield connaît bien la Gambie, puisque la diplomate y a été en poste au cours de sa longue carrière, de même qu’au Libéria, au Nigéria ou encore au Kenya.

Le Département d'Etat ne veut pas d'un « Précédent Jammeh ». Selon une source au sein du département d'Etat US, sous le couvert de l'anonymat, « bien que l'Amérique soit en période de transition d'administration présidentielle, le département d'Etat considère que la volte-face de Yahya Jammeh pourrait constituer un précédent extrêmement dommageable à l'aube d'une année où plusieurs élections présidentielles sont programmées en Afrique, et lors desquelles plusieurs présidents en poste pourraient être tentés de s'accrocher à leur fauteuil. La décision d'agir rapidement a donc été prise ».
Parmi la batterie de mesures définies lors de ces réunions, celles d'évaluer au plus vite les avoirs mobiliers et immobiliers dont disposerait le fantasque président gambien aux Etats-Unis, à son nom ou ceux de personnes de son entourage, incluant son épouse Zineb Jammeh, ou encore Amadou Samba, un homme d'affaires réputé proche de lui, dont l'identité avait été dévoilée lors du scandale des Panama Papers comme étant l'ayant droit économique de plusieurs sociétés offshores.

La famille de Jammeh évacuée vers les USA ? Pour dérouler leur stratégie d'étouffement économique, les Américains ont évalué les options légales qui s'offrent à eux pour mettre en place une procédure de gel des avoirs de Jammeh, qui ne se limiterait pas aux Etats-Unis, mais également aux pays alliés.
L'objectif  ? Se donner le maximum de moyens de pression sur le président gambien en le forçant à quitter le pouvoir pacifiquement, au risque de se voir « couper les vivres » et de mettre sa famille et ses proches en difficulté.
Si l'information relayée par plusieurs sites d'informations régionaux selon laquelle le dictateur aurait d'ores et déjà exfiltré sa famille vers les Etats-Unis avant sa déclaration de rejet des résultats de la présidentielle se confirmait, cette possibilité de lui soustraire l'ensemble de son patrimoine à l'international devient une carte précieuse entre les mains de l'administration américaine.
Selon certains observateurs proches du dossier, peut-être même a-telle déjà été signifiée à Jammeh, puisque ce dernier semble avoir légèrement infléchi sa position depuis hier dimanche, affirmant par la voix de son parti qu'il contesterait désormais les résultats de l'élection « devant les tribunaux ».