Contre toute attente, alors même que le Sénégal ne semblait pas être sous les projecteurs des Djihadistes, le Chef de l’Etat Macky Sall déclarait la guerre à ces derniers. Mieux il annonçait dans la foulée, et sans concertation aucune, des mesures pour éviter un sale coup des terroristes au Sénégal. Même s’il était alors critiqué ouvertement dans sa démarche par ses concitoyens, la suite des évènements montre qu’il a été informé de l’imminence de la menace.
Allié de la France et des États-Unis, Dakar est depuis le régime de Me Wade une cible pour les groupes djihadistes. En effet, dès 2004, l’ex-président Abdoulaye Wade avait été reçu à la Maison Blanche par George W. Bush pour discuter de lutte antiterrorisme. Dans la même logique, Barack Obama s’est rendu à Dakar en juin 2013. Ce qui a fait du Sénégal une cible de choix pour Aqmi. Mais celui-ci était depuis lors considéré comme une menace lointaine, située à l’extérieur des frontières communes avec le Mali et la Mauritanie. Surtout que, contrairement à ses deux grands voisins, où des groupes djihadistes sont implantés depuis de longues années, Dakar a jusqu’ici été épargné par les attentats et par une guerre ouverte avec des combattants islamistes.
Mais la dernière vague d’attentats sanglants, avec l’assaut contre le Radisson Blu hotel le 20 novembre 2015 à Bamako et l’attaque terroriste en plein centre-ville de Ouagadougou dans la nuit du 15 au 16 janvier 2016 fait aujourd’hui planer une menace sur toute l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal en sa tête.
Ce qui avait d’ailleurs poussé Mathieu Guidère, professeur agrégé d’islamologie et de la pensée arabe, à soutenir dans Le Parisien que «Les pays de l’Afrique de l’Ouest alignés sur la France seront les prochaines cibles. C’est une stratégie construite. Ils veulent tuer le tourisme dans ces pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger, comme Daech l’a fait en Tunisie».
Conscient de cette menace, les autorités étatiques sont depuis le début de l’année 2015, en état d’alerte. Ainsi, selon certaines sources, le conseil de sécurité, qui se réunit tous les lundis autour du Président Macky Sall, planche désormais principalement sur la menace terroriste. Les alliés français et américains ont également renforcé leur collaboration antiterroriste avec Dakar. Dans cette optique, un Plan d’action contre le terrorisme (Pact) a été lancé en 2013 avec la France, qui a versé une aide de 700.000 euros. Le Pact vise notamment à renforcer les capacités des services de renseignement et de sécurité sénégalais.
Au bout de quelque mois seulement de collaboration, comme si celle-ci commençait à porter ses fruits, des arrestations d’imams soupçonnés de connexion avec certains milieux fondamentalistes sénégalais et des réseaux djihadistes, sont opérés. Ainsi, en octobre 2015 Alioune Badara Ndao, connu pour ses prêches salafistes, était arrêtés pour avoir tenu des propos incitant au terrorisme au cours de prédication hebdomadaire, après la prière du vendredi. Le 6 novembre 2015, trois imams ont été aussi arrêtés et placés sous mandat de dépôt pour le même motif.
Traditionnellement, le Sénégal est un pays où le soufisme, un courant de l’islam présenté comme tolérant, est majoritaire. Ainsi un islam modéré est prêché dans les mosquées sénégalaises. Quatre confréries soufis (la tijaniya, le mouridisme, la qadiriyya et le layénisme) dominent le paysage. Mais le soufisme est petit à petit battu en brèche par certains imams salafistes, parfois venus de l’étranger, ou même financés par des fonds étrangers, critiquent l’héritage des maîtres soufis.
Face à cette situation, le Sénégal qui était peu regardant des origines de l’argent dédié aux constructions de mosquées, est aujourd’hui plus sourcilleux sur la question. L’Etat mettait désormais tout en œuvre pour éviter d’avoir une cellule de djihadistes sur le sol Sénégalais, surtout que des sénégalais ont été repérés dans les rangs de l’État islamique (EI).
Selon Henri Ciss, il est confirmé que des ressortissant sénégalais sont dans les rangs de l’Etat Islamique. Deux parmi eux Hassane Diène et Seydou Bâ, ont été tués en Syrie. Un troisième, un «jeune docteur en médecine», a rejoint plus récemment les rangs de l’EI, fait-il savoir. A ceux là, il faut ajouter, Makhtar Diokhané , Abdourakhmane Mendy, Sadio Gassama, Elimane Diop, des Djihadiste sénégalais, combattants dans les rangs de l’Etat islamique qui jouent les stars sur les réseaux sociaux.
Mieux un entretien avec Elimane Diop alias Abu Jafar Diop avec Buzz.sn a permis de comprendre que les propres fils du pays reconvertis en Djihadistes planifient leur retour au bercail pour combattre le gouvernement et les soufis.
Déjà, en décembre 2015, l’hebdomadaire Jeune Afrique rapportait l’arrestation d’«un groupe de Sénégalais qui envisageaient, selon toute vraisemblance, de créer dans leur pays une branche de Boko Haram et qui auraient même élaboré un projet d’attentat dans la capitale». Quatre hommes âgés de 20 à 30 ans avaient été arrêtés à la frontière entre le Nigeria et le Niger. Ils auraient combattu pour la secte avant de prendre la route parce que leur chef, Makhtar Diokhané –qui s’est lui aussi battu pour Boko Haram–, leur a demandé de le rejoindre au Sénégal, où il était rentré un peu plus tôt, dans le but, apparemment, d’y créer un réseau djihadiste. Et voila que deux autres jeunes sénégalais sont arrêtés à Dakar à la suite de fortes soupçons.
Ainsi on se rend nettement compte que la menace est bien réelle, elle est même imminente et l’Etat en est conscient.
Brea
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Angela
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