De l’ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle, il ressort que courant 2015 avant prescription de l’action publique, les populations de Yeumbeul ont saisi la police pour dénoncer les actes de barbarie de Seynabou Ndiaye commis sur ses belles-filles. Munis de cette information, les éléments enquêteurs se sont rendus au domicile de la mise en cause. Mais celle-ci, fuyant la clameur populaire, avait fini de prendre la poudre d’escampette pour se réfugier à Tivaouane Peulh se disant «préférer la mort que de se retrouver dans les mailles de la justice». Mais c’était sans compter avec la section de recherches du poste de police de ladite localité. Arrêtée, Seynabou Ndiaye sera confrontée à ses victimes pour une séance d’explication. Son discours alambiqué, prétextant n’avoir administré que des corrections aux victimes, ne l’a pas tiré des mailles de la police. Elle sera déférée au parquet puis placée en détention le temps de l’instruction.
En effet, Fatou et Nogaye Guèye sont les enfants de la première épouse de de Modou Guèye, mari de la mise en cause présumée. Après le divorce avec leur génitrice, le papa qui venait de convoler en secondes noces, n’avait pas d’autre choix que de confier ses enfants à sa nouvelle dulcinée. Erreur. «Elle nous frappait tout le temps en cognant notre tête contre le mur. Elle nous mordait. Quand je le racontais à mon papa, elle se vengeait de moi après que celui-ci soit parti au travail en nous rinçant les yeux avec de la poudre de savon (omo)», a raconté avec trémolo à la gorge Nogaye Guèye. Même récit pour sa sœur, Fatou Guèye. Restées longtemps dans ces situations sans le moindre soutien de leur papa qui soutenaient tous les gestes et faits de son épouse, aujourd’hui, toutes sont devenues aveugles. En dépit des interventions médicales, ni Nogoye ni Fatou Guèye, ne voient. Les questions posées à ce sujet, ont fait pleurer plus d’un dans la salle et même du côté des journaliste comme le reporter de Source A qui a fondu en larmes. Sans remord certain, Seynabou Ndiaye a nié en partie, les faits pour lesquels elle est accusée à la barre de la chambre criminelle. En effet, si la mère de trois enfants plus âgés que les victimes, a reconnu tout au moins avoir corrigé, parfois, les plaignantes, elle défend cependant, n’avoir pas été à l’origine de la cécité de ses belles-filles.
«Je n’ai jamais mis du savon en poudre dans leurs yeux. C’est en prison que j’ai appris tout cela. Ce n’est pas moi qui leur faisais le bain. C’est ma fille de 17 ans. Elles étaient bien voyantes avant. C’est par la suite qu’elles ont perdu la vue. Mais je n’en suis pas responsable et ce n’est de ma faute. Je reconnais les faits de bastonnades. Mais je n’ai jamais usé de pratiques malsaines pour leur faire du mal. Je n’ai jamais cogné leur tête contre le mur», s’est-elle défendue la tête enturbannée et la voix à peine audible. Derrière elle, ses anciens voisins ou colocataires, écoutaient religieusement, ses déclarations.
Mais le récit de Seynabou Ndiaye n’a pas convaincu l’avocat de la défense. Me Ibrahima Mbengue qui est revenu en effet, dans les dédales de cette affaire depuis le commencement, a mis en mal l’accusée. «Je préfère la mort à la prison. Je regrette mes actes. Chaque jour, je me remets en cause pour tout ce que j’ai pu faire souffrir à ces enfants. En prison, le seul instant qui m’apaise, c’est l’appel au rassemblement. Mes nuits agitées, me font plus peur que ce moment avec les garde pénitentiaires », dit-elle. Pas suffisant pour l’avocat des victimes. « C’est ignoble. C’est l’individu dans sa phase animale qui fait face à la chambre criminelle. Comment-a-t-elle pu commettre ces atrocités sur des enfants arrivées saines et bien portantes chez elle mais aujourd’hui, aveugles en quittant son domicile », s’est interrogé l’avocat. Estimant par ailleurs que les faits sont constants ce, après avoir souligné le caractère abject de la mise en cause, Me Ibrahima Mbengue a réclamé en guise de réparation du préjudice subi, la somme de 250 millions pour chaque victime, ce qui fait un total de 500 millions. Après les plaidoiries des deux parties, le juge a décidé de mettre l’affaire en délibéré jusqu’au 25 février a appris Libération online.
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