FUNERAILLES AU SENEGAL – LE DEUIL, UNE NOUVELLE SOURCE DE REVENUS !

Au moment où le deuil occasionne  la consternation,  tout le contraire pour certains qui en trouvent un moyen de se faire de l’argent. Pour cause, au moment où les parents et les proches pleurent leur disparu, d’autres personnes de mauvaise foi, venues de nul part, en profitent pour escroquer de l’argent en échange de quelques sourates pour disent-ils, apaiser la mémoire du défunt. La conjoncture, la raison principale invoquée pour les gens qui agissent ainsi.

Le Sénégal est un pays à part entière où tout semble être permis. Ici, pour se faire de l’argent, tous les moyens sont bons, l’essentiel est d’y parvenir. Pour cela, les cérémonies funèbres constituent des moments opportuns. C’est ainsi que la tendance aujourd’hui pour certaines personnes partisanes de la facilité et du moindre effort, est de faire le tour des quartiers, à la quête d’un deuil où elles pourront  en profiter pour soutirer quelques pièces ou billets de banques à la famille du décédé. Il s’agit souvent pour ces personnes âgées entre trente et quarante ans, de tourner en rond par groupe de petits nombre. L’air pieux à la première vue, ils donnent une bonne apparence. Portant,  leurs «zesners» bien amidonnés, des chapelets à la main, le bonnet bien placé au-dessus de la tête, laisse apparaître des intentions insoupçonnées.

Selon la plupart des personnes interrogées, ce phénomène gagne du terrain. «C’est la nouvelle tendance au Sénégal aujourd’hui. Beaucoup de jeunes ne cherchent plus à avoir un travail. Tout ce qu’ils veulent, c’est de gagner de l’argent facilement. C’est pour cette raison que pour bon nombre de gens maitrisant quelques versets coraniques, ils en usent pour leurrer les gens» confirme Mame Thiané Cissé une commerçante vivant à Pikine.

Selon la dame, ces jeunes hommes n’ont aucun métier dans leur vie et pour vivre ils n’ont d’autre espoir que de quémander de l’argent pour en échange de sébacés de récitation des versets coraniques pour le défunt. «C’est de l’escroquerie pure et dure ce qui se passe dans ces cérémonies.  Le savoir, on doit l’utiliser pour aider les gens mais pas pour profiter d’eux surtout dans des moments de souffrance».

Pour Thierno Ndiaye le pire dans cette affaire est que ceux qui agissent de cette façon sont en âge de travailler. «Je ne peux pas comprendre que de jeunes personnes en âge de travailler, préfèrent vivre dans la facilité. Ils pouvaient choisir d’autres circonstances que les cérémonies funéraires pour faire leur business».

Ce que fustige le vieux Thierno est que c’est à l’heure où le mort est acheminé au cimetière pour l’enterrement, que ces «escrocs» dont les seuls objectif est de remplir leur poche, préfèrent pour faire leur sale besogne. A l’entendre c’est parce qu’à cet instant, il n’y a que les femmes qui restent sous les bâches attendant soigneusement le retour des accompagnants du disparu.

A l’en croire, la quête du gain facile et la conjoncture peuvent diminuer la croyance en Dieu et pousser à la perte de la dignité. «Il y’a trois ans de cela, en ce moment, je vivais encore aux Hlm. Un de mes voisins et ami d’enfance était décédé. Devant la maison mortuaire, on était assis calmement sous les tentes, les airs tristes. Et tout d’un coup, des jets de pierres survenaient d’un accrochage non loin des lieux. C’était entre deux jeunes hommes qui se disputaient pour le partage d’une somme d’argent qui était censé être versée à la famille du décédé», se désole-t-il. Et de poursuivre, «Ce jour-là, j’ai eu la surprise de ma vie car pour rien au monde, je n’aurai pu croire à cela si je n’étais pas témoin des faits. A ces funérailles, les deux jeunes hommes se sont donné de violents coups de poing et c’est très difficilement qu’on a pu les séparer. C’est finalement une des tante de la disparue qui les a chassé des lieux».

Au Sénégal, il n’y a plus d’endroit précis ou de circonstances idéales pour chercher de l’argent. Aujourd’hui tous les moyens sont bons pourvu d’y arriver. Et même les cérémonies funéraires ne sont pas épargnées.