Le porno, les sites de rencontre, le cybersexisme : la révolution numérique a peu à peu bouleversé les pratiques des moins de 30 ans. Jusqu’à quel point ?
Il y a quelques années, dans la France du XXe siècle, comment appelait-on celle qui multipliait les partenaires ? Une fille facile. Une allumeuse. Dans le langage courant : une salope. En 2019, à l’heure du féminisme triomphant, comment appelle-t-on cette jeune fille ? Une femme libérée ? Une séductrice ? Pas du tout. On l’appelle toujours… une salope. Pourtant, au cours de ces vingt années, tout a changé : la révolution numérique a bouleversé les modes de rencontre, la facilité d’accès au porno a banalisé la fellation ou la sodomie, la parole des femmes a commencé de se faire entendre, les tabous sont tombés les uns après les autres. Aujourd’hui, les jeunes discutent bien plus facilement de sexe que leurs aînés, ils posent sans fausse pudeur des mots sur des pratiques, l’homosexualité est plus facilement assumée, l’égalité hommes-femmes a (un peu) progressé, beaucoup d’interdits n’en sont plus aujourd’hui.
Il n’empêche : malgré ces vingt années écoulées, les représentations n’ont pas évolué. Se prévaloir de nombreuses conquêtes reste valorisant pour un homme et suspect chez une femme. Au moment de l’entrée dans la vie sexuelle, les jeunes continuent de moquer le garçon qui aspire au mariage ou à l’Amour avec un grand A plutôt qu’à la performance physique ; et ils continuent de réprouver la fille qui assume – au même titre qu’un homme – un authentique désir d’aventures sans lendemain.
« Qui discute avec un garçon de sa première éjaculation ? »
« Il y a un fantasme incroyable sur la sexualité des jeunes, dont on entend souvent qu’ils feraient »n’importe quoi » », constate Sarah Durocher, accueillante au Planning familial. « Nous ne faisons pas du tout ce constat-là. L’âge moyen du premier rapport est stable, et le plus souvent il est protégé. Le nombre d’avortements n’a pas bougé non plus… En revanche, une chose a réellement changé en vingt ans : la masse d’informations à laquelle tout le monde a accès. »
Désormais, Internet tient lieu de bible, là où l’Education nationale reste frileuse, et le milieu parental pas le meilleur endroit pour « parler cul ». « Les jeunes ont besoin de lieux de parole, conclut Sarah Durocher. Les garçons surtout : les filles discutent souvent avec leur mère au moment des premières règles, ou de la première visite chez le gynéco. Mais qui discute avec les garçons de leur première éjaculation ? »
Les forums de discussion, très prisés dans cette génération, sont ainsi devenus une source d’apprentissage, au même titre que l’information médicale ou scolaire, que la presse spécialisée, que les journaux d’actualité ou le modèle parental. Nathalie Bajos, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), spécialiste des questions de santé sexuelle, en est convaincue : « On observe, depuis quelques années, une diversification des sources d’information sur la sexualité, qui s’est fortement accentuée avec l’explosion du numérique. Les adultes ont perdu le monopole de la parole, donc le monopole du contrôle sur la sexualité des jeunes, les filles en particulier. D’où un phénomène de panique morale, alors qu’aucune étude sérieuse n’étaie, par exemple, un impact négatif spécifique de la pornographie sur leur comportement sexuel. »
Les gynécologues disent l’inverse. Dans l’interview qu’elle donne, le 27 juillet, au Parisien, Pia de Reilhac, présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, s’alarme. Les sites pornographiques, assure-t-elle, « exaltent la performance, le rapport dominant-dominé, imposent une norme. Conséquence, de plus en plus de jeunes filles nous disent qu’elles n’ont pas de plaisir avec leurs partenaires. On observe une grande détresse. Les sexologues ont déjà lancé une alerte sur l’influence du porno, mais ils ne le disent pas assez fort. »
Dès l’entrée au collège, un ado sait ce qu’est « une biffle »
Etre entendus, mais quoi dire, alors que les images sont accessibles depuis n’importe quel téléphone portable ? Que, dès l’entrée au collège ou presque, un ado saura ce qu’est une « biffle » ou une « éjac faciale » ? Dans un sondage que l’Ifop a mené sur la vie sexuelle des Françaises pour le magazine Elle en février, quasiment 1 femme sur 2 indique avoir « surfé sur site pour y voir des films ou des images pornographiques ». Parmi elles, 59 % ont moins de 30 ans… Pourtant, d’après les chiffres de l’Ifop, cette génération reste la moins consommatrice de sextoys (31 %, contre 43 % en moyenne), celle qui se masturbe le moins (70 %, contre 76 % en moyenne) et celle qui connaît le moins ses zones érogènes (39 %, contre 22 % en moyenne).
Quant à la fellation et à la sodomie, courantes dans la pornographie, c’est à nouveau parmi les jeunes femmes que ces pratiques apparaissent les moins fréquentes. Apparemment, la révolution sexuelle ne viendra pas de cette génération-là. Réponse laconique de Dora Moutot, créatrice du compte Instagram @tasjoui (445 000 abonnés), quand on l’interroge sur les nouvelles pratiques sexuelles des Français de moins de 30 ans : « Je crois franchement qu’il n’y a rien de très nouveau. » Après quelques secondes, elle complète, tout aussi lapidaire : « Si ce n’est que les jeunes filles se font sodomiser très tôt. »
Pour les moins de 30 ans, l’un des enjeux reste une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, à la conquête du droit de refuser. Quels que soient le milieu social, le niveau d’éducation, quelle que soit la culture. Dire non. Dire qu’on ne veut pas. Dans une société où le « revenge porn », la diffusion non consentie de photos intimes ou de propos privés sur les réseaux sociaux, touche de plus en plus de jeunes filles, la liberté du choix est plus que jamais un combat à mener.
D’autant que le poids de la norme demeure écrasant chez les très jeunes adultes. Dans le cadre d’une étude réalisée sur le cybersexisme pour le centre francilien pour l’égalité femmes-hommes Hubertine-Auclert, des chercheurs ont discuté avec eux de la mise en ligne d’images confidentielles : que celles-ci soient diffusées « avec ou sans accord ne fait pas la différence pour les jeunes ; ils se focalisent surtout sur l’existence même d’une photo intime, dont les filles seront systématiquement jugées responsables et blâmées. Ces filles sont perçues comme acceptant, voire encourageant, les regards sexualisés sur leur personne, ce qui est considéré comme inapproprié parce que ne témoignant pas d’une humilité féminine attendue. Elles seront exclues par les garçons mais aussi par les autres filles.
Le poids des ghettos, régressifs à l’égard de la liberté des femmes
Le niveau d’émancipation des jeunes filles serait donc le vrai marqueur de l’évolution de la santé sexuelle. Or si les différents sondages de l’Ifop montrent que la revendication du plaisir féminin apparaît nettement entre 30 et 40 ans, elle reste moindre chez les plus jeunes. François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’Ifop, invoque le poids des ghettos, communautaires ou religieux, excessivement régressifs à l’égard de la liberté des femmes. Il parle lui aussi de l’accès de plus en plus jeune à la pornographie et de ses effets : « La pornographie induit un niveau de fantasmes et d’excitation virtuelle qu’on retrouve rarement dans la vie réelle, ce qui peut être déstabilisant. En revanche, c’est un élément qui accélère et diversifie les pratiques sexuelles : désormais, en quelques mois, un jeune couple fait le tour d’un répertoire de pratiques et de positions sexuelles que les plus âgés n’achevaient qu’au bout de plusieurs années ! »
Cette précocité, conjuguée à une extension du domaine des possibles, explique pour partie le succès des sites de rencontre, où la règle est l’anonymat, et qui permettent aux femmes – comme aux hommes – d’avoir accès à une sexualité purement récréative sans subir l’opprobre du milieu social ou professionnel. Hier, on se rencontrait ; ensuite, on couchait ; enfin, on apprenait à se connaître. Aujourd’hui, quel que soit son âge, on coche des cases sur son portable, on rationalise ses préférences, on encourage ou on écarte en fonction des réponses : on recrute le (ou la) partenaire idéale, pour un soir ou pour un mois. Le hasard n’a plus grand-chose à voir avec l’histoire.
Le mariage pour tous, MeToo, le porno: quelles conséquences ?
Ces nouvelles façons d’entrer en relation, la place du numérique dans l’intimité des Français, les objets sexuels virtuels ou réels, le consentement : autant de questions qui n’ont pas encore de réponse scientifique. La dernière grande enquête sur la santé sexuelle des Français date d’avant la révolution du portable, réalisée en 2006 sur plus de 12 000 personnes par l’Inserm et l’Institut national d’études démographiques (Ined) à l’initiative de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS).
Presque quinze ans plus tard, une actualisation des données s’impose : une nouvelle enquête est programmée pour 2020, toujours à l’initiative de l’ANRS. Son président, le professeur François Dabis, en précise le contexte : « D’un point de vue social, juridique, technologique et économique, la société française a énormément changé en vingt ans. Or on sait très peu de choses, par exemple, des conséquences de la légalisation du mariage pour tous, de l’appréhension nouvelle des violences et de la diversification des pratiques sexuelles, de l’impact générationnel du porno, de la multiplication des formes de communication et de relations par internet… Les médecins généralistes sont de plus en plus déconnectés. C’est pourquoi nous avons besoin de soutenir un ambitieux travail d’enquête sur ces questions, notamment pour adapter notre politique de prévention. »
« Il est indispensable de travailler sur les normes, sur les pratiques, confirme Nathalie Bajos, de l’Inserm. Il faut s’interroger sur les impacts de la révolution numérique, sur les effets réels ou supposés du mouvement #MeToo, sur la question du désir et du consentement, sur les effets de la crise économique, sur la remise en cause ou pas des modèles dominants. La société structure la sexualité, qui est un champ d’expression des rapports sociaux. Le contexte est essentiel pour comprendre les évolutions. »
L’Inserm prépare actuellement un questionnaire et forme les personnes qui seront chargées d’interroger plus de 10 000 personnes par téléphone – entre 20 et 25 % des Français n’ont pas accès à Internet, ce qui limite la portée des sondages d’opinion réalisés via la Toile. L’enquête pilote, destinée à valider le processus de questionnement, va bientôt commencer. Rapport prévu en 2021. D’ici là, Snapchat aura peut-être disparu, et « liker » les « stories » paraîtra peut-être obsolète. Mais il est fort peu probable qu’on ait arrêté de traiter des filles de salopes.
Rachel
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Lisa
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