Dans notre Chapitre (Avril-Juin) consacré aux Migrations (20 reportages, mini-dossiers, interviews sur la question des Migrations au Sénégal), en collaboration avec l'organisation Article 19, nous sommes allés à la rencontre de filles sénégalaises qui, au coeur de l'Occident, luttent pour préserver leur culture africaine, tout en intégrant tout ce que leurs pays d'accueil les offrent de meilleur. Elles sont trois à vivre loin de leur pays natal. Partagées également entre deux cultures. Marème, Awa et Mounass, toutes des ressortissantes sénégalaises vivant entre la France et la Belgique racontent leur quête quotidienne d'une identité qui épouserait bien les valeurs de leurs deux mondes.
Maréme Gueye, sénégalaise vivant en Belgique
Se sentir bien dans un pays d’accueil tout en étant en harmonie avec ses origines culturelles est bel et bien possible. Mais cela demande beaucoup d'efforts. Des filles sénégalaises qui vivent l’une en Belgique et les deux autres en France estiment que c’est en préservant leur héritage culturel qu’elles s'approprient mieux la culture des autres.
Maréme, citoyenne sénégalaise résidant en Belgique depuis presque deux ans, précise que le déracinement de certaines filles vivant à l’étranger « dépend de leur pays d’accueil ».
Dans son cas particulier, elle renseigne qu’en Belgique des membres de sa communauté se voient régulièrement. Ce, à travers des « dahiras qu’ils organisent chaque week-end ». Elle ajoute, en outre qu'entre « femmes, elles organisent des tontines. Histoire de raffermir les liens. Les baptêmes et mariages aussi se célèbrent avec toute la communauté. »
La langue, un frein pour l'intégration de Marème
L’étudiante en Communication qui s’active à ses heures perdues dans l'E-Commerce confie par contre qu'elle ne se ferme pas à la culture occidentale. Toutefois, elle dit avoir rencontré des difficultés pour intégrer. En cause: la langue néerlandaise.
« J’avoue que mon intégration n’a pas été facile. Depuis que je suis arrivée, je fais des cours en néerlandais. Car je vis dans une zone flamande (La région linguistique néerlandaise recouvre 44 % de la superficie du pays et compte cinq provinces et 308 communes). Ici, on ne parle pas la langue française », a fait savoir Marème, qui souligne avoir participé « à des journées d’intégration de sa ville.»
Mounas, sénégalaise vivant en France
La diversité culturelle, bénéfique à l'heure de la mondialisation
Dans le contexte actuel de la mondialisation, la diversité culturelle peut être bénéfique. Et c’est ce que pense Mounas, la trentaine, caissière dans un supermarché français depuis décembre dernier.
« Oui la pluralité culturelle est plus que bénéfique. La diversité est juste un atout. A mon avis, s'ouvrir à la culture de l'autre te permet de vivre et de découvrir la beauté de cette culture à l'heure de la mondialisation », affirme t-elle.
Toutefois, elle précise à ce sujet que ces « valeurs culturelles sont encrées » en elle. Et ce grâce à l’éducation de base de ses parents.
La peur de décevoir
?Quant à Awa, la vingtaine, étudiante en communication option journalisme, voit le déracinement culturel comme la situation d’une personne arrachée à son pays, sa culture d’origine. Chose dont elle se « préserve ».
Arrivée en France en septembre 2018 à l’âge de 19 ans après l’obtention de son baccalauréat à l’Institution Sainte Jeanne d’arc de Dakar, elle raconte qu’elle ne perçoit pas sa présence au pays de Marianne « comme un simple séjour universitaire, mais comme une épreuve ».
Tout comme Maréme, Awa rappelle « que sa plus grande chance est d’avoir vécu dès son arrivée avec des compatriotes et d’avoir fréquentée des cercles religieux qui d’ailleurs l’ont permis d’avoir des repères. »
La jeune dame confie qu’elle était très perplexe à l’idée de perdre l’estime de ses parents si elle arrivait à perdre sa culture « (…) Une fois mon projet d’étude finalisé, j’avoue que j’ai été très peu enthousiaste car étant partagée entre la peur du lendemain, celle de perdre mes valeurs ancestrales et la déception de mes parents. »
Tout en gardant son éducation de base, la Sénégalaise affirme qu’elle arrive à assimiler « vie estudiantine et enracinement perpétuel ».
En somme, les valeurs que ses aïeuls lui ont transmise dit-elle sont « l’un des gages de sa constance. Il faut savoir également que je tiens fortement à mes attaches pulaar, wolof et sérères. Je vais me ressourcer dans ma terre natale autant que possible. Aujourd’hui, j’ai fondé une belle petite famille sénégalaise en France tout me consacrant à ce pourquoi je suis sur le sol français.»
Ashley
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