Lors de la présentation du plan de redressement, Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité de mobiliser des ressources domestiques pour réduire le déficit. « Nous avons énormément de niches, notamment dans le secteur du numérique. C’est un secteur en plein essor, mais qui jusque-là est sous-fiscalisé ou pas du tout fiscalisé. Il s’agit des jeux de hasard, en ligne, du mobile money, des transferts marchands, etc. », a-t-il déclaré. Cette volonté de fiscaliser des secteurs jusqu’ici peu régulés vise à capter des recettes dans des domaines dynamiques, mais elle soulève des questions sur son impact social et économique.Le plan, adopté le 30 juillet par le conseil des ministres, inclut une taxe inédite sur les transactions de mobile money : 0,5 % sur toutes les transactions mobiles et 1,5 % sur les paiements marchands. Cette mesure, encore méconnue du grand public, vise à générer des fonds pour combler le déficit budgétaire, mais elle suscite déjà des résistances parmi les usagers, les vendeurs et les experts, qui redoutent une hausse des coûts et un frein à l’inclusion financière.
Le mobile money : un moteur d’inclusion financière
Au Sénégal, le mobile money est bien plus qu’un outil de paiement. Avec 15 300 milliards de FCFA de transactions enregistrées en 2025, il s’est imposé comme un levier d’inclusion financière dans un pays où seulement 26 % de la population dispose d’un compte bancaire. Comme le souligne le DIGITAX BULLETIN :« Chaque transaction d’argent mobile devient un acte bancaire informel, révélant une utilisation civique de la finance qui échappe aux canaux traditionnels. »
Avec plus de 90 % des Sénégalais de plus de 15 ans utilisant des portefeuilles électroniques, le mobile money a transformé les pratiques économiques et sociales. Les dépôts et retraits gratuits, combinés à des frais de transfert réduits à 1 % (contre 4 % en 2018), ont permis aux Sénégalais d’économiser environ 125 milliards de FCFA par an, selon les estimations. Ces services soutiennent les petites entreprises, facilitent les investissements à petite échelle et renforcent les solidarités communautaires, redessinant les liens entre individus et institutions.
Une taxe controversée
La nouvelle taxe sur le mobile money, bien que présentée comme une solution pour renflouer les caisses de l’État, suscite des inquiétudes. Les usagers et les vendeurs craignent une hausse des frais de transaction, un retour à l’usage de l’argent liquide et un frein à l’inclusion financière. Le DIGITAX BULLETIN précise que les taxes sur les services financiers numériques (SFN) sont généralement appliquées sur : « Les valeurs échangées par les utilisateurs, les frais facturés par les prestataires de SFN ou le revenu/chiffre d’affaires des fournisseurs de SFN. »
Au Sénégal, la taxe de 0,5 % s’appliquera à chaque transfert ou paiement, tandis que les marchands supporteront une taxe supplémentaire de 1,5%. Cette double imposition risque de décourager l’utilisation des services numériques et de pousser les usagers vers l’économie informelle, basée sur les espèces. Les experts et syndicats mettent en garde contre une mesure mal calibrée, qui pourrait alourdir le coût de la vie, en particulier pour les ménages à faibles revenus, les femmes, les étudiants et les petits commerçants.
Les leçons des expériences africaines
Le Sénégal n’est pas le premier pays à expérimenter une telle taxe. En Ouganda, une taxe sur les transactions de mobile money introduite en juillet 2018 a provoqué une chute initiale des volumes de transactions. Face à des protestations massives, le gouvernement a dû limiter la taxe aux retraits et en réduire le taux. Selon le DIGITAX BULLETIN : « Si la valeur et les volumes agrégés des transactions ont d’abord chuté, ils se sont ensuite rapidement redressés. Le secteur et les utilisateurs semblent avoir progressivement accepté la taxe, qui génère des recettes modestes (un peu moins de 50 millions de dollars US en 2022-23). »
Au Cameroun, une taxe de 0,2 % sur les transferts et retraits, instaurée en 2022, a suscité des inquiétudes similaires. Les agents, qui dépendent des commissions pour leurs revenus, ont exprimé leur mécontentement, estimant que la mesure affectait négativement leurs clients et leur activité. Le rapport note : « Plus de la moitié (près de six agents sur dix) mettent en doute l’équité et l’impartialité de la taxe. »
Au Kenya et en Tanzanie, les taxes sur les frais de transaction (plutôt que sur la valeur des transactions) ont eu un impact limité sur les volumes, mais elles ont disproportionnellement affecté les utilisateurs à faibles revenus, pour qui les frais représentent une part plus importante de leurs transactions
Concertation
Les experts appellent à une concertation nationale pour éviter les écueils observés ailleurs. Une taxation mal conçue pourrait non seulement freiner l’innovation et l’inclusion financière, mais aussi nuire à la collecte fiscale à long terme en repoussant les usagers vers l’économie informelle. Comme le souligne le DIGITAX BULLETIN :« Les taxes imposées sur les frais de transaction semblent n’avoir eu qu’un effet limité sur la valeur et les volumes de transactions d’argent mobile, mais leur impact s’est peut-être fait sentir de manière disproportionnée chez les personnes aux revenus les plus faibles. »
Au Sénégal, où le mobile money est devenu un « fait social total », une approche équilibrée est cruciale. Les autorités devront trouver un juste milieu entre la nécessité de mobiliser des ressources et la préservation d’un outil qui a redessiné les dynamiques économiques et sociales du pays.
Pearlie
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